Pour vivre heureux, vivons cachés, semble être la devise de Jean-Louis Borloo. Pendant que Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie croisaient publiquement le fer avec Nicolas Sarkozy sur le gel (officiellement «mise en réserve») de leurs crédits en 2004, donnant l'impression d'un gouvernement au bord de la crise de nerfs, le ministre de la Cohésion sociale s'engageait au contraire dans une voie discrète de négociation avec le ministre des Finances. Et il pourrait en obtenir des gains bien plus substantiels que ses tonitruants collègues.
Borloo avait pourtant de quoi faire la grimace, le 20 avril, à la réception de la lettre de Sarkozy lui annonçant son enveloppe de crédits gelés : près de 650 millions d'euros dont 150 pour le logement. Dur à soutenir lorsqu'on est censé représenter le tournant social du troisième gouvernement Raffarin et qu'on se propose de construire 80 000 HLM par an. Mais le 19 mai, lors du séminaire gouvernemental, le ministre de la Cohésion sociale fait profil bas et laisse Villepin monter au créneau pour dénoncer les «économies de bout de chandelles» de Bercy. Il ne fait pas non plus appel à l'arbitrage du Premier ministre. Mais préfère prendre rendez-vous avec le ministre d'Etat pour une bonne négociation.
Frontal. L'ancien avocat, peu au fait des traquenards budgétaires, a dans son cabinet deux pointures de Bercy : son directeur de cabinet n'est autre que l'ex- dircab d'Alain Lambert, Augustin de Romanet, suivi de son ex-conseiller à la synthèse