Jeunes loups aux dents longues et dinosaures en bout de course cohabitent au Parlement européen. Etrange tribu faite pour deux tiers d'hommes et un tiers de femmes que l'anthropologue Marc Abélès décrit dans sa Vie quotidienne au Parlement européen comme une espèce de «mutants, mi-politiques, mi-experts». A Strasbourg ou Bruxelles, ils s'immergent «dans un bouillon de culture européen, dont tous sortent transformés, convertis à la logique du compromis qu'impose le système communautaire», s'amuse le politologue Olivier Costa, enseignant au collège d'Europe à Bruges. Cette «Assemblée d'étrangers», comme l'anticipait suspicieusement le général de Gaulle, serait-elle devenue le creuset d'une véritable classe politique européenne ?
Olivier Costa n'y croit pas : «Pour qu'elle existe, il faudrait un Etat et un espace public européens, ainsi que des possibilités de carrière politique européenne, ce qu'on n'aura pas avant longtemps. En revanche, cette assemblée délibérante est un lieu crucial d'européanisation des classes politiques nationales.» Pour les quelque 150 partis de 25 pays qui y siègent, c'est une plongée dans l'intimité de l'Europe, mais aussi l'occasion «d'un brassage des idées, d'un décloisonnement des espaces politiques nationaux». Longtemps, Strasbourg fut un purgatoire, voire une punition, pour politiques en disgrâce. Aujourd'hui, le mandat européen est de plus en plus prisé.
«Emmerdeurs». «A Sciences-Po, chez les jeunes tentés par la politique, l'investissement europé