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Libération

«On va marier deux lesbiennes, ça fera venir les télés»

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publié le 8 juin 2004 à 0h57

Alain Juppé est toujours très doué pour les séances de remotivation. Presque chaque mardi après-midi, lors des réunions du comité de pilotage de la campagne européenne qu'il anime, il martèle : «Finalement, ça ne s'annonce pas si mal !» En fixant le score plancher des listes UMP à 13 %, le résultat obtenu par Sarkozy en 1999, le patron du parti chiraquien se donne de la marge. Mais derrière l'esbroufe, il sait que son mouvement a du souci à se faire. Il y a trois semaines, il décide de secouer candidats et cadres du parti. «Il nous faut trouver des idées pour qu'on parle de nous, la campagne UMP n'est pas assez présente dans les médias», se plaint-il, avant de laisser poindre son agacement : «Qui a des idées ? Bien sûr, je m'en doutais, personne n'a jamais d'idées ici !» Devant un tel assaut d'amabilités, tout le monde se tasse autour de la table. Jeannette Boughrab, l'une des porte-parole, se lance. Elle évoque l'idée de monter une opération avec des footballeurs français qui jouent dans des clubs européens et cite l'exemple de Lilian Thuram qui a «un discours très intelligent sur l'intégration». Juppé la renvoie dans ses buts : «C'est ça, on va faire venir des types qui gagnent des millions d'euros pour s'adresser à des smicards, très malin, merci Jeannette !» Personne n'ose reprendre la parole, et le maire de Bordeaux de conclure, mi-énervé, mi-rigolard : «Moi, j'ai une idée pour qu'on parle de nous : on va marier deux lesbiennes rue La Boétie (siège de l'UMP), au moins,