Sur une estrade, on reconnaît le candidat de la «société civile» à sa posture empruntée : rictus figé pour écouter ses colistiers et, quand il prend la parole, coups d'oeil aux amis pour chercher leur approbation. Ce soir-là, Patrick Gaubert, président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), promu à la surprise générale tête de liste de l'UMP en Ile-de-France, est en campagne à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Le novice s'incline devant Jean-Pierre Fourcade, maire et maître des lieux : «Bonsoir, monsieur le sénateur...» A l'évidence, il n'en revient toujours pas d'être là. Le soir où Alain Juppé lui a offert la place, Patrick Gaubert a téléphoné à sa femme pour lui annoncer la nouvelle : «Tu es bien assise ?»
Dentiste de formation, exerçant toujours à Paris, Gaubert est une figure de l'antiracisme. De 1993 à 1995, auprès de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur, il a réglé les dossiers de dizaines de sans-papiers. A tête de la Licra depuis 1999, il fustige la multiplication des agressions contre des juifs : «Beaucoup se demandent s'ils ne doivent pas, une fois de plus, faire leur valise», déclarait-il en janvier. La sortie lui avait valu une vive réplique de Sarkozy, qui lui reprochait d'«attiser les peurs», mais aussi (ceci expliquant cela) une invitation à l'Elysée. Avec, à la clé, cette tête de liste aux Européennes, pour contrebalancer la première place en Ile-de-France accordée par le PS à Harlem Désir, le fondateur de SOS Racisme. Gaubert ju