L'UMP a opéré une brutale volte-face sur une éventuelle adhésion par peur d'une nouvelle poussée des listes eurosceptiques ; plus subtilement mais avec autant d'arrière-pensées électorales, le PS a décidé d'embrasser la cause arménienne à dix jours du scrutin. Pour les deux grands partis français de gouvernement, la campagne des élections européennes a été l'occasion de déchirantes révisions sur la question turque. Une sorte de surenchère qui a même valu à Pierre Moscovici, responsable du secrétariat international du PS et ardent partisan de la Turquie, des coups de fil inquiets de responsables de la gauche turque, sur le thème : «A quoi jouez-vous ?»
Revirement. L'impulsion de ce tournant dans l'histoire des relations franco-turques a été donnée il y a deux mois par Alain Juppé en personne. Lors d'une conférence de presse, le président de l'UMP a reconnu qu'il avait changé d'avis et que désormais, sa réponse était «non». Hasard : quelques jours plus tôt, Philippe de Villiers, le dirigeant du Mouvement pour la France (MPF), avait dévoilé l'axe de sa campagne pour les européennes : la Turquie. A l'UMP, on comprend vite que la thématique est susceptible de capter les franges eurosceptiques de l'électorat UMP. En 1999, la liste conduite par le duo eurosceptique Philippe de Villiers et Charles Pasqua n'était-elle pas arrivée devant la liste RPR ? Avec son revirement sur la Turquie, Juppé a voulu éteindre l'incendie aux premières flammes.
«Il s'agit d'une manoeuvre concertée, et au