Sous le coup de la panique morale qui accompagne le débat public autour de l'homoparentalité, on a tendance à ne pas voir qu'un couple de même sexe est une structure d'accueil et d'éducation assez banale. Pendant des siècles, les garçons furent éduqués exclusivement avec les garçons, les filles avec les filles. Les professeurs des garçons étaient des hommes ; ceux des filles étaient des femmes. Lorsqu'ils se retrouvaient en internat, les garçons et les filles ne voyaient pratiquement que des personnes de leur propre sexe. Imaginez le monde d'un élève d'Eton, il y a un peu plus de trente ans. Le petit pensionnaire savait, certes, qu'il avait un père et une mère, il n'ignorait pas l'existence de sociétés mixtes au dehors, mais une bonne partie de son éducation et du soutien affectif quotidien qu'il recevait était assurée par des hommes. Il en irait de même, en gros, pour les garçons adoptés par des couples d'hommes ou les filles adoptées par des couples de femmes. Ils sauraient, certes, qu'ils ont un père et une mère (pourquoi seraient-ils idiots au point de ne pas le savoir ?), ils seraient en contact avec toutes sortes de sociétés mixtes, mais une bonne partie de l'éducation et du soutien affectif qu'ils recevraient serait assurée par des personnes du même sexe. Où serait le crime contre la «nature», la «morale» ou «l'intérêt supérieur de l'enfant» ? Personne n'a jamais pensé que la non- mixité était une abomination. Personne n'a jamais pensé qu'un enfant élevé dans un inter
TRIBUNE
La banalité de l'homoparentalité
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par Ruwen Ogien
publié le 15 juin 2004 à 1h04
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