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Libération
Interview

«Partout, la politique est malade»

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Européennes. Yves Mény, directeur de l'Institut européen de Florence:
publié le 15 juin 2004 à 1h04

Yves Mény est président de l'Institut universitaire européen de Florence, et auteur de Par le peuple, pour le peuple (Fayard, 2000).

L'abstention massive marque-t-elle une indifférence pour l'Europe ou un vote protestataire ?

Il y a beaucoup de composantes dans ce phénomène et elles varient d'un pays à l'autre. Il y a ceux où la participation aux élections intermédiaires, sans vrais enjeux nationaux, est traditionnellement faible. Il y a les pays saturés de politique politicienne où l'électeur ne voit pas l'impact du vote qu'il émet. Sa seule réponse est de changer son choix à chaque scrutin ou finalement, par lassitude, de rester chez lui. Dans les ex-pays de l'Est, à peine un tiers du corps électoral s'est mobilisé. Mais, même ailleurs, il fallait avoir la conscience civique chevillée au corps pour aller déposer son bulletin dans l'urne. L'électeur ne sait pas qui sera le président de la Commission, ni ce que sera le texte constitutionnel qui doit être adopté en fin de semaine. Les gouvernements et les grands partis n'ont abordé aucun des dossiers européens fondamentaux, comme la Constitution, l'adhésion de la Turquie, les relations avec les Etats-Unis.

En fait, cette abstention de masse met en lumière le déphasage toujours plus criant entre un mode de scrutin fondé sur des listes nationales polarisées d'abord sur des enjeux de politique intérieure, et la construction européenne. Les Verts ont été les seuls à tenter des listes transnationales. Ce qui n'est pas simple, car cela brouille clivages et étiquettes. Comment par exemple mettre ensemble dans une liste social