La Polynésie est entrée dans une nouvelle ère avec l'élection comme président, hier, de l'indépendantiste Oscar Temaru. Sitôt désigné par 30 voix sur 57 (l'opposition n'a pas participé au vote), cet homme de 59 ans a promis de rompre avec le style de son prédécesseur, l'ultrachiraquien Gaston Flosse, qui verrouillait la vie politique et économique locale depuis près de vingt ans. «Le résultat des élections n'était pas un référendum pour ou contre l'indépendance, mais la sanction d'un style de gouvernement qui favorisait les uns au détriment des autres», a déclaré Temaru qui a dénoncé «le clientélisme, l'autoritarisme et la mégalomanie» de Flosse.
Pour démentir tous ceux qui, à Paris ou à Papeete, ont cherché à le diaboliser, il a plaidé pour une démarche politique privilégiant le redressement économique afin d'assurer la viabilité d'une éventuelle indépendance à terme. «Je le réaffirme solennellement : il faudra que toutes les conditions politiques, économiques et sociales soient réunies» pour que soit posée la question de l'autodétermination et «cela peut attendre dix, quinze ou vingt ans», a-t-il expliqué. Ex-compagnon de route de Jean-Marie Tjibaou, le leader indépendantiste kanak assassiné en 1989 à Ouvéa, Temaru aimerait négocier avec la France un processus d'émancipation de la Polynésie, inspiré de celui de la Nouvelle-Calédonie. Il devrait se rendre mi-juillet en métropole pour «faire le point sur les relations conventionnelles avec la France».
Son nouveau gouvernement,