Une révolution ? Non, sire, juste une évolution. Ce week-end, les cadres de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) se réunissent en direction nationale pour tirer le bilan de leur «échec électoral» des européennes. Sans déplorer officiellement d'avoir conclu un accord électoral avec les frères ennemis de Lutte ouvrière, une majorité de la LCR devrait faire table rase de ce passé. Et tourner la page, en douceur. «Il fallait le faire, veut croire François Sabado, membre du bureau politique de la Ligue. Sinon, dans le meilleur des cas, nous aurions obtenu 2,5 % et LO, 1,5 %. Et tout le monde nous aurait demandé pourquoi nous n'avions pas conclu d'alliance.» Le 13 juin, la coalition LO-LCR a obtenu 2,52 % des suffrages.
Cette claque électorale, précédée par «des luttes qui se terminent sans victoire... ou par des défaites» (Sabado), contraint la direction de la LCR à repenser sa stratégie d'ici à 2007. C'est là que la révolution pointe le bout de son nez. Plusieurs têtes pensantes du parti, qui appartiennent toutes à la majorité, estiment que «le temps est venu de se poser la question de la gestion, de la responsabilité». Jusqu'à présent, les trotskistes refusaient de «mettre les mains dans le cambouis» et excluaient toute participation à un gouvernement incluant des sociaux-démocrates. Désormais, «la question mérite d'être posée», confie un responsable du parti. Et elle prime naturellement sur toute autre, comme celle de la reconduction éventuelle d'une alliance occasionnelle