La force de l'habitude, peut-être. Ou une forme de compassion. En tout cas, l'opinion semble exonérer le duo exécutif de sa défaite aux européennes. La tactique du tandem Chirac-Raffarin, qui visait à ôter tout impact au rendez-vous du 13 juin, a parfaitement fonctionné.
Au lendemain d'une déroute, qui succédait elle-même à la débâcle des régionales, la cote de popularité du Président progresse de trois points en un mois selon notre baromètre Libération-AOL-Louis-Harris (1). 45 % des personnes interrogées ont une opinion «très» ou «plutôt positive» de Chirac, 50 % (-2 points) émettant l'avis inverse. Même résistance de Raffarin qui reste stable en juin, à un niveau, il est vrai, bien plus bas puisqu'il recueille 32 % d'opinions positives, contre 63 % d'opinions négatives (+1 point). Les Français sont même compréhensifs envers la décision élyséenne de conserver le même locataire à Matignon.
Les exhortations répétées du PS à changer de Premier ministre n'ont guère porté, puisque 50 % des Français (contre 44 %) considèrent que la décision du chef de l'Etat est «juste», car «l'enjeu» des élections «n'était pas national». 52 % pensent même qu'il s'agit d'un choix «courageux», tandis que seuls 46 % accusent Chirac d'avoir fait preuve de mépris à l'égard des électeurs. Là aussi, profondément divisés selon un net clivage droite-gauche, 48 % des Français (contre 47 %) jugent cette décision «maladroite». L'adjectif «risquée» aurait peut-être réussi à réconcilier les sympathisants des de