Le nouveau tycoon de la presse française est «nature». Il parle comme il pense et il pense comme une autoroute avec une entrée, une sortie et une grande ligne droite entre les deux. Avec lui, nuls chemins de traverse. Il en est tant pis pour le jeu de mots désarmant. Exemple, quand il explique, rigolard, pourquoi il a une passion pour l'inspecteur Colombo. Parce qu'il «n'est pas aussi bête qu'il en a l'air»... Cette «qualité» a un revers : cet homme est capable de tout.
Ce sont sans doute ces traits de caractère qui ont permis à Serge Dassault de s'imposer dans l'industrie, la presse et même la politique, lui qui n'existait pas du vivant de son père. Au risque de tomber dans la psychologie de comptoir, on peut en effet assurer sans peine que ce garçon comme beaucoup d'autres a eu un problème avec son papa. Et on le comprend. Difficile d'être le fils d'un mythe. Parti de rien, laminé par ses années de captivité à Buchenwald, Marcel Dassault a su se construire un empire d'abord grâce à son génie aéronautique et aux deniers publics, grâce, ensuite, à ses puissantes relations nées de la Résistance et de ses amitiés politiques, et surtout grâce à ses incommensurables largesses financières. Capitaine d'industrie, député, propriétaire d'un journal, rien ne lui a résisté.
Indépendance. Lorsque Marcel Dassault meurt, en 1986, laissant derrière lui un fleuron de l'aéronautique française, Serge vient d'avoir 61 ans. Patron de la filiale d'électronique du groupe,