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Libération
Interview

«L'Europe de Maastricht s'étouffe sous nos yeux, comme prévu»

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publié le 25 juin 2004 à 1h11

Pendant que le PS se divise et que la LCR appelle à l'unité du «non», Jean-Pierre Chevènement, lui, reste indéfectiblement accroché aux mêmes convictions sur l'Europe. Rejetant fermement «le carcan» de la Constitution de l'UE, l'ancien candidat à la présidentielle fait fi de l'échec des eurosceptiques aux européennes du 13 juin pour assurer qu'il sera «présent d'une façon ou d'une autre» à la présidentielle de 2007.

Le projet de Constitution européenne, c'est la fin de l'Etat-nation qui vous était cher ?

Tout au contraire. Ce traité porte en lui le retour des nations, car il rend l'Europe à vingt-cinq ingérable et insupportable en institutionnalisant les politiques libérales et en soumettant par avance toute politique au «principe d'une économie ouverte où la concurrence est libre», selon l'article 3 du traité de Maastricht. Si le traité est soumis à référendum, comme nous le demandons, il sera rejeté. Mais ce carcan nous garantit également la paralysie ! Le mécanisme décisionnel est une usine à gaz. Rien ne peut en sortir. Je ne m'en désole d'ailleurs pas : ces institutions sont faites pour être contournées, et j'espère qu'elles pourront l'être grâce aux coopérations renforcées, en droit ou en fait, entre les nations. Elles seules ont la légitimité et la capacité de décision rapide qui est nécessaire. A mes yeux, la seule chose qui compte, c'est de faire surgir en Europe un acteur géostratégique indépendant des Etats-Unis. Son noyau sera constitué par la coagulation franco-al