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Libération
Éditorial

Amnistie

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publié le 1er juillet 2004 à 1h17

On doit respecter la parole donnée. Pour ne pas l'avoir fait hier en se déclarant favorables à l'extradition de Cesare Battisti, les juges français donnent la désagréable impression d'avoir agi sous une double influence. Celle du gouvernement français, pas mécontent d'en finir avec la «doctrine Mitterrand», et celle de son homologue italien, plus que jamais décidé à faire payer le prix fort à ses ex-présumés terroristes. Outre qu'elle ne respecte pas la loi française sur la contumace, conforme au droit européen, cette décision menace l'équilibre réel né de la jurisprudence française, appliquée jusqu'en 2002 par neuf gouvernements, de gauche comme de droite : pendant cette période, aucun des réfugiés ayant obtenu l'asile n'en a profité pour reconstituer des ligues dissoutes et fomenter de nouveaux troubles en Italie. Tous ont rompu avec la spirale de la violence et commencé de nouvelles vies, loin de leurs errances passées. Cette jurisprudence n'a par ailleurs pas été mise en place unilatéralement, elle n'a pu exister et réussir que grâce à la collaboration des deux pays. D'une certaine manière, elle a permis la reddition des clandestins. La voilà aujourd'hui bien remerciée. Dans les années 70, Cesare Battisti n'était certes pas un enfant de choeur et certains de ses actes sont tout à fait condamnables, même s'ils ont été commis dans un Etat, on l'oublie un peu vite, qui excellait dans d'art de manier corruption, stratégie de la tension et lois spéciales. Mais aujourd'hui, pr