Cesare Battisti ne semble voir personne, ne pas entendre les cris de ses amis et soutiens qui fusent de toute part dans la salle bondée : «C'est très grave !», «C'est une honte !», «Il n'y a pas de séparation des pouvoirs !». La cour d'appel vient de lui signifier qu'elle est favorable à son extradition vers les prisons italiennes. Pour une condamnation à la perpétuité. Egaré, Cesare Battisti s'avance vers la sortie principale. Ses deux avocats le tirent vers une porte latérale pour le soustraire à la haie de micros et de caméras. Sur un banc, sa compagne s'effondre : «C'est pas légitime.»
Pendant plus d'une heure, une centaine de membres de son comité de soutien ont piétiné devant la salle où allait se jouer le sort de l'ex-activiste reconverti dans l'écriture de polars (lire ci-contre). Après une nuit blanche, des échanges de messages et des coups de fils en pagaille, ils attendaient un non définitif à l'extradition. En quelques phrases, les magistrats ont transformé leurs espoirs en tristesse et colère.
Larmes. Devant le Palais de justice, chacun est cramponné à son portable. Première sonnerie. «Favorable.» «C'est quoi ces conneries?», s'affole quelqu'un. «Favorable à qui ? A Battisti ? On a gagné ?» Deux minutes plus tard, Jacques Bravo, maire PS du IXe arrondissement, arrive, le visage défait, Pénélope Komitès (les Verts) pleure. Ils enlacent Fred Vargas en larmes. L'historienne, auteure de polars, a travaillé nuit et jour pour écrire son livre, la Vérité