A première vue, ce plan de cohésion sociale ferait presque l'unanimité. La plupart des syndicats, hormis la CGT, ont salué hier la justesse du constat, la hauteur des ambitions et la pertinence de la méthode. Même l'opposition socialiste, par la voix de Marisol Touraine, secrétaire nationale à la solidarité, s'est dite «d'accord» avec l'état des lieux. Mais c'était pour mieux souligner qu'elle ne croit pas une seconde à la mise en oeuvre de ce plan : «C'est une esbroufe très réussie, un catalogue de bonnes intentions, mais aucun moyen n'est garanti.»
Grandiloquent. C'était hier le grand jour de Borloo, ministre en charge de ladite Cohésion sociale. Lors du Conseil des ministres qui a dû être prolongé d'une heure, Jacques Chirac a demandé «un engagement sans faille du gouvernement tout entier». Ajoutant, solennel : «C'est une nouvelle donne sociale qui rompt avec les logiques du passé. Il doit maintenant se traduire dans les faits.» L'effort budgétaire promis est de 13 milliards sur cinq ans en mettant l'accent sur l'insertion professionnelle de jeunes, l'emploi, le logement ou la lutte pour l'égalité des chances. Volontiers grandiloquent, Jean-Louis Borloo a parlé d'un «plan pour les oubliés de la République». Plus tard, devant les députés, lors de la séance de questions d'actualité, il a précisé que ce «plan de cohésion sociale pourrait s'appeler plan de cohésion nationale». Le ministre a brandi une foule de statistiques montrant qu'il y a une exclusion rampante. En quinze a