Si notre pays était attaqué (Jarry nous en préserve !) et qu'il faille, à toute vitesse, créer un réseau de résistance national, nul besoin de passer par le politique ou le confessionnel, il suffirait de compter sur l'armée des ondes, les auditeurs des Décraqués et des Papous dans la tête, émissions concoctées, depuis de nombreuses années, par Bertrand Jérôme et Françoise Treussard, et premières au box-office de France Culture.
Les auteurs et artistes participant activement à ces moments de liberté intelligente voyagent beaucoup. Ils arpentent la Doulce France, du trou perdu à l'arrondissement de grande ville, de la banlieue à la capitale étrangère. Immanquablement, à Montreuil comme à Pondichéry, quelqu'un les aborde en disant que la littérature, le cinéma ou l'art avec un grand A, OK d'accord, mais parlez-moi plutôt des Décraqués et des Papous dans la tête, le reste attendra. Ensuite, ils nous disent toujours merci, merci beaucoup, surtout, continuez. Et s'il s'avère que Papous et Décraqués se montrent en public, il faut pousser les murs du plus grand des grands auditoriums de Radio France sans jamais parvenir à tous les caser.
Et voilàtipa que la direction de France Culture décide de supprimer les Décraqués à la rentrée, sous prétexte d'une plus grande adéquation au devoir d'information, entre autres culturelle, de Radio France. Le jeu, la distance, la culture, l'humour en grande forme et en petit format, quarante minutes de création radiophonique, passent à la trappe.
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