Nantes, envoyé spécial.
Il est des phénomènes qui agissent à long terme. Terre catholique, tenue d'une main de fer par un baron du gaullisme, Olivier Guichard, puis par l'un des piliers du gouvernement Raffarin, François Fillon, la région des Pays de la Loire semblait dévolue à jamais à la droite. Qui donc prêtait attention à ces villes (Nantes, Saint-Herblain, La Roche-sur-Yon, Angers, Le Mans...) tombées à gauche à l'occasion de la première vague rose, celle des élections municipales de 1977 ? Avec le temps, on s'y était fait : sur 23 villes de plus de 20 000 habitants, 19 étaient gouvernées par la gauche. L'année dernière, elles s'organisèrent même en «réseau des villes de gauche». Autant d'étapes d'une conquête invisible, jusqu'à ce que l'incroyable se produise : la défaite de François Fillon, sous la pression de la mobilisation électorale dans les zones urbaines, le 28 mars.
Grandes villes. A qui pourrait en douter, l'avènement du socialisme régional, nouveauté de l'année 2004, est d'abord un effet lointain et inattendu du socialisme municipal éclos il y a vingt-cinq ans. La composition du nouvel exécutif apportera une autre preuve : sous la houlette de son président Jacques Auxiette, maire de La Roche-sur-Yon depuis 1977, les vice-présidences ont été attribuées en priorité aux élus des grandes villes. Aux transports, Jean-Claude Antonini, adjoint à Angers depuis 1977 et maire depuis 1998. A l'éducation, Bernard Violain, adjoint PCF à La Roche-sur-Yon depuis 1977. Les sol