C'est ce qui s'appelle préparer l'opinion. Hier, Jean-Pierre Raffarin a fait savoir qu'il ne souhaitait pas utiliser l'article 49-3 de la Constitution qui permet à un gouvernement de faire adopter un texte sans débat lors du prochain débat parlementaire sur la décentralisation. «La procédure du 49-3 est applicable en cas d'obstruction parlementaire, a estimé le Premier ministre. Ce qui n'est pour le moment pas le cas.» Tout est dans le «pour le moment». Car le chef du gouvernement, parfaitement informé des intentions de l'opposition, sait que ladite obstruction devrait être effective dès l'inscription à l'ordre du jour du projet de loi organisant le transfert des compétences. Ce devrait être chose faite dès aujourd'hui, à l'issue d'une conférence des présidents.
L'examen de ce texte devrait commencer en début de semaine prochaine. Les socialistes s'y opposeront en déposant une série d'amendements. 5 000 seraient déjà prêts. De quoi offrir à Jean-Pierre Raffarin la possibilité de dénoncer l'obstruction parlementaire. Et de recourir ipso facto au fameux 49-3. Le scénario idéal du Premier ministre consiste ainsi à faire porter le chapeau à la gauche de cet «obscurantisme». Et du même coup de ressouder la majorité, dont une bonne partie est franchement hostile au projet de loi de décentralisation. Surtout depuis que la gauche a enlevé, en mars dernier, 20 régions sur 22.
Mais, en procédant de la sorte, le chef du gouvernement prend un double risque. D'abord politique. Lorsqu'o