Bataille de citations à l'Assemblée nationale. C'est Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS, qui a tiré le premier en concluant, hier, la motion de censure déposée par son groupe contre le gouvernement : «Dans ce cimetière des illusions perdues et des légitimités défuntes, partout rôde le spectre du désenchantement [...]. Cette marée basse du coeur et de la raison fait le lit d'un universel scepticisme, d'un étrange attentisme, à rebours des passions qui ont ponctué notre histoire.» Et le député-maire de Nantes de dévoiler l'identité de l'auteur : Dominique de Villepin lui-même, «l'un des hommes qui rêve peut-être de vous succéder», a-t-il lancé au Premier ministre. Assis à côté de Jean-Pierre Raffarin, le ministre de l'Intérieur n'a pas bronché. Et les socialistes, faute d'avoir pu faire adopter leur motion, qui n'a été approuvée que par les 175 députés de gauche (sur 577), ont bien rigolé. C'est déjà ça.
Regain. Pour le reste, ce débat sur la censure, dont le rejet provoque l'adoption automatique du projet de loi sur la décentralisation, n'a été qu'une suite d'argumentaires convenus. Raffarin a bien tenté de se hisser à son tour dans les sphères littéraires, citant André Malraux, Victor Hugo («J'accuse la censure !») et même Pierre Mendès France, il n'a pas réussi à soulever l'enthousiasme de ses troupes. Il en a quand même profité pour répondre à ceux qui considèrent l'usage de l'article 49-3 sur la décentralisation comme son «testament», avant un éventuel débarquement