A peine les premiers arbitrages rendus publics que la majorité commence à se déchirer sur l'une des mesures phares annoncées par Jean-Pierre Raffarin pour le budget 2005: l'étalement de la hausse du Smic horaire de 8 % sur la période 2005-2006, alors que le gouvernement s'était engagé à atteindre une telle revalorisation dès l'année prochaine. C'est déjà «une demi-victoire», assure Pierre Méhaignerie, qui affirme que Bercy songeait à imposer une «année blanche» de hausse du Smic en 2005 pour ramener les déficits publics à 3 % du PIB. Mais le président de la commission des finances de l'Assemblée, qui se pique d'incarner la tendance «sociale» de l'UMP, n'entend pas en rester là : pour lui, le gouvernement doit tenir ses engagements afin de «réhabiliter le travail» et redonner du pouvoir d'achat au million de salariés concernés. D'autant que s'accroît la pression des libéraux de l'UMP pour obtenir un allégement de l'impôt sur la fortune (ISF) favorisant le succès de l'amnistie fiscale envisagée par Raffarin (lire ci-contre).
Comme plusieurs de ses collègues du groupe UMP, Méhaignerie garde en mémoire les arbitrages incohérents rendus l'an dernier : une baisse de l'impôt sur le revenu combinée à une hausse du gazole qui avait rendu le budget 2004 illisible, et qui, selon de nombreux députés de la majorité, a largement participé à la défaite de leur camp aux régionales. «On est cons mais il y a des limites ! résume un député chiraquien. Si l'on ne tient pas nos promesses sur le S