La «Françafrique» n'est plus ce qu'elle était : avant de fouler le sol français, les chefs d'Etat africains y réfléchissent à deux fois, de peur d'être rattrapés par la justice. Au grand dam des autorités françaises qui tentent de les convaincre qu'ils n'ont pas le choix. Seize présidents d'Afrique francophone ont annoncé leur participation, le 15 août, au 60e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence. Parmi eux, le Djiboutien Ismaël Omar Guelleh. A la veille de son arrivée, le ministère français des Affaires étrangères a rappelé qu'il bénéficierait de «l'immunité diplomatique (...), un principe fondamental du droit international». Les avocats de la veuve de Bernard Borrel, magistrat français détaché à Djibouti dont le corps a été retrouvé carbonisé en octobre 1995, le soupçonnent d'avoir commandité le meurtre, sur la foi d'un ancien membre de la garde présidentielle. Au printemps, Ismaël Omar Guelleh, dont l'avocat, Me Francis Szpiner, est aussi celui de la Chiraquie, avait dénoncé un complot fomenté par la France contre son pays. Après de plates excuses du Quai d'Orsay, pour qui l'affaire ne serait qu'élucubrations de la presse, Djibouti a considéré que l'incident était clos. Pas pour la partie civile, toujours décidée à éclaircir les conditions du décès du juge Borrel.
D'autres, comme le président ivoirien Laurent Gbagbo ou son homologue congolais Denis Sassou Nguesso, ont préféré rester chez eux. Ces dernières semaines, l'enquête du juge Patrick Ramaël sur la di