Menu
Libération
Interview

«Les harkis ont été bafoués en France»

Article réservé aux abonnés
Avant la visite du président algérien, retour sur la polémique et l'indignation à droite.
publié le 13 août 2004 à 1h45

Le ministre délégué aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, a défendu hier, sur RTL, la venue du président algérien Bouteflika en Provence pour le 60e anniversaire du Débarquement. Auteur de Mon père, ce harki (Seuil), Dalila Kerchouche approuve l'invitation, même si elle condamne les propos qu'il a tenus en 2000 sur les harkis.

Que vous inspire l'indignation d'une partie de l'UMP à propos de Bouteflika ?

Je trouve étonnant que soixante élus UMP réagissent aujourd'hui, alors qu'en juin 2000, lorsque Bouteflika a traité les harkis de «collabos» lors d'une visite à Paris, il n'y a eu que quelques timides protestations. Il est tout à fait légitime que le président algérien vienne participer à cet anniversaire pour honorer la mémoire des Algériens qui sont morts au front. A l'exemple de mon grand-père, ils ont été nombreux, parmi les survivants, à devenir harkis. Il faut que les élus qui protestent aillent au bout de leur démarche et dénoncent l'attitude des gouvernements gaullistes qui ont maltraité les harkis sur le sol français. Car il ne faut pas oublier que les harkis ont d'abord été bafoués en France en étant parqués dans des camps. Ces élus qui prétendent demander des comptes à l'Algérie devraient commencer par en réclamer à leur propre histoire.

Et les propos de Bouteflika en 2000 ?

Ils avaient provoqué en moi une immense colère. Que les harkis se fassent insulter en France par un ancien membre du FLN et que personne ne réagisse fut pour moi révélateur de l'indifférence et du mépris dans lequel ils sont encore tenus aujourd'hui.

La société algérienne porte-t-elle le même regard que son Président ?

Non. La plupart des gens ont un regard différent des h