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Libération
Reportage

Sang neuf pour la sangsue

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publié le 25 août 2004 à 1h53

Sur la table basse, dans une coupe remplie d'eau claire réservée naguère à leur usage dans les pharmacies, Brigitte Latrille les regarde, émerveillée. «Elles sont belles, non ?» Quand elles ondulent avec élégance, leur corps s'allonge comme savent le faire les sirènes, et leur peau s'honore de reflets verts et or, orangés. Quelles sont ces naïades qui s'adonnent à un gracieux ballet aquatique ? Des sangsues. Oui, ces bestioles gluantes comme des limaces, morveuses comme des escargots et mangeuses de sang comme mille moustiques.

Si, au mot de sangsue, l'air dégoûté, vous n'avez pas tourné la page, sachez qu'il y a sangsue et sangsue. D'un côté, plus de six cents sortes de sales bêtes noirâtres, les vampires, qui ne font que vous aspirer le sang et sont dans tous les castings des films d'horreur, des mélos africains et des moites films de guerre se passant en Asie du Sud-Est, prêtes à se tortiller au bout d'une cigarette tenue par un héros ensuanté. De l'autre, il y a la princesse Hiduro, la sangsue médicinale (Hiduro medicinalis), celle qui sauva le jeune Pasteur (qui n'avait pas encore fait ses grandes découvertes) quand on lui en colla derrière l'oreille pour le sortir d'un accident vasculo-cérébral. Celle que Brigitte Latrille adore, élève et dont elle fait le commerce via l'entreprise Ricarimpex dont elle est présidente. Une entreprise qui vient de recevoir le précieux agrément de la FDA (Food and Drug Administration) qui lui ouvre en grand les bras des Etats-Unis. La gloi