Une cohabitation nouvelle manière ? En apportant mercredi son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP, Jacques Chirac n'a pas seulement pris acte des ambitions de son ministre des Finances : il se résout à un nouvel équilibre des pouvoirs, marqué par un nouvel affaiblissement de la fonction de Premier ministre et, surtout, par un face-à-face direct entre le chef de l'Etat et celui de la formation censée le soutenir. Une «coexistence» qui peut rappeler deux précédents : en 1978-1981, quand Raymond Barre, Premier ministre, subissait les assauts du RPR ; en 1993-1995, lorsque Edouard Balladur endurait les coups de boutoir du même RPR. Dans les deux cas, le président de la formation gaulliste était un certain... Jacques Chirac. Didier Maus, professeur de droit constitutionnel à Paris-I, analyse la situation.
Le principal rival du chef de l'Etat prenant la tête du parti majoritaire, est-ce une nouveauté ?
En Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne, le chef du parti majoritaire est automatiquement chef du gouvernement. La France est le seul pays où le véritable chef du parti majoritaire est le président de la République, avec cette particularité que celui-ci, par fonction, n'est jamais présent dans son parti, qu'il dirige de loin. Ce fut le cas de Mitterrand, de Pompidou ou même de De Gaulle. En période de cohabitation, le même rôle revient au Premier ministre : Jospin avec le PS de 1997 à 2002 ou Chirac avec le RPR de 1986 à 1988. En conséquence, on co