Raymond Marcellin, décédé mercredi à l'âge de 90 ans, aura été l'un des ministres les plus contestés de la Ve République. Titulaire de l'Intérieur du 31 mai 1968 à février 1974, il a été l'incarnation du retour à l'ordre musclé après les événements de Mai, dissolvant à deux reprises (1968 et 1973) des organisations politiques d'extrême gauche, dont la LCR, et d'extrême droite, dont Occident. «Mon devoir est de maintenir l'ordre, je le fais, voilà tout», explique-t-il sans état d'âme.
Sous son égide, la police, renforcée de 19 000 agents, avait multiplié les bavures contre les manifestants «gauchistes». Leur presse est poursuivie, interdite. Jean-Paul Sartre est arrêté lors d'une vente de la Cause du Peuple. Il avait, en outre, la conviction de faire face à un «complot» international mêlant Cuba, les pays de l'Est et les organisations d'extrême gauche européennes. Cette obsession le conduira à utiliser tous les moyens, légaux ou non, pour obtenir des informations. C'est ce qui provoquera sa chute. L'affaire de la pose des micros dans les locaux du Canard enchaîné par des «plombiers» de la DST, afin d'identifier les sources du journal, conduit le président Georges Pompidou, le 28 février 1974, à le remplacer par le jeune Jacques Chirac. Libération revient avec des témoins sur ces années d'affrontement.
«C'est pas moi, c'est Galley»
Claude Angeli, rédacteur en chef du Canard enchaîné. Il avait surpris une équipe de «plombiers», en fait des policiers, en train de poser des micros d