Si l'esprit de la loi s'imposait à la lettre, la moitié des 128 sénateurs élus dimanche seraient des sénatrices. Ce ne sera pas le cas. Loin de là. Parce qu'au Sénat comme ailleurs, la mise en oeuvre de la parité est contrariée par de fortes résistances : parmi les sortants, on compte 90 % d'hommes, qui, dans leur immense majorité, n'ont pas l'intention de quitter le palais du Luxembourg.
Dans les treize départements qui éliront leurs sénateurs au scrutin proportionnel, les réfractaires à la parité ont inventé plusieurs stratagèmes. Le plus utilisé consiste à prendre la tête d'une liste dissidente. Plutôt que de prendre le risque d'accepter une position charnière sur la liste officielle de leur parti, de nombreux sortants préfèrent être numéro 1 sur leur propre liste. En divisant les grands électeurs, ils ont de bonnes chances de se faire élire et de faire battre une candidate sur la liste officielle.
129 listes. Dans les Hauts-de-Seine, le dissident UMP Jean-Pierre Fourcade, sénateur sortant, risque de faire battre la maire de Colombes, Nicole Goueta, numéro 4 sur la «vraie» liste UMP. Dans l'Essonne, Marie-Claude Girardeau, deuxième sur la liste UMP de Serge Dassault, pourrait ne pas être élue à cause des candidatures de Laurent Béteille, sénateur UMP sortant, et de Xavier Dugoin, élu sénateur RPR en 1995 et qui avait dû céder son siège pour cause d'ennuis judiciaires. Dans le Bas-Rhin, c'est Esther Sittler quatrième sur la liste UMP qui fera les frais de la dissidence du so