Anne-Marie Payet est devenue sénatrice de la Réunion par accident : parce qu'en 2001 des candidats l'avaient prise pour une potiche. Sur la liste de droite, on l'avait casée en deuxième place, entre l'UDF Jean-Paul Virapoullé et le RPR Edmond Lauret. Cette liste ne pouvant, dans le meilleur des cas, espérer plus de deux élus, il était entendu que la dame, animatrice de la modeste section UDF de la commune de Cilaos, laisserait sa place, dès le lendemain du scrutin, au numéro 3, le sénateur sortant Edmond Lauret.
Directrice d'école et élue municipale, Anne-Marie Payet avait, a priori, le profil idéal. Elle n'avait pas d'ambition politique et n'avait jamais songé, même dans ses rêves les plus fous, devenir un jour parlementaire. «Je ne m'intéressais pas du tout à ce poste très convoité. Sénateur, c'est traditionnellement le couronnement d'une longue carrière d'élu local. Ce n'était évidemment pas mon cas : je venais tout juste d'être élue adjointe au maire de Cilaos», rappelle l'intéressée.
Quand des «intermédiaires» sont venus lui proposer de figurer sur la liste de Virapoullé, elle s'est demandée «pourquoi moi ?» On lui a expliqué qu'elle n'était que suppléante, qu'elle n'avait pas à s'occuper de la campagne électorale. On lui aurait aussi laissé entendre qu'on lui trouverait quelque chose, par exemple un fauteuil au Conseil économique et social. Quelques jours avant le scrutin, Anne-Marie Payet comprend qu'elle n'est en rien suppléante et que les politiques locaux l'ont «mani