L'océan mondial est plutôt sympa. Depuis que l'homme brûle charbon, gaz et pétrole à tire-larigot, il escamote une bonne part du surplus de gaz carbonique que l'Homo industrialis injecte dans l'atmosphère. Retardant d'autant le bouleversement climatique provoqué par cette expérience, au départ involontaire, de transformation planétaire. Mais ce bon geste pourrait lui coûter cher. Ce faisant, l'océan devient de plus en plus en acide. Et la facture retournera à l'envoyeur : cette acidification, nouvelle inquiétude surgissant des laboratoires, pourrait mettre en péril les écosystèmes marins et la future capacité d'absorption du gaz carbonique par les océans.
Peter Brewer (Monteray Bay Research Institute, Etats-Unis) ouvrait ainsi, mercredi, la session annuelle du Conseil international pour l'exploration de la mer (à Vigo, Espagne) : «L'océan a absorbé 400 milliards de tonnes de gaz carbonique issu des combustibles fossiles» depuis le début de l'ère industrielle (1). Pour moitié, ce gaz reste stocké dans sa couche superficielle, les premiers 250 mètres d'eau. Aujourd'hui, s'y ajoutent chaque jour «25 millions de tonnes de gaz carbonique», avertissait l'océanographe. Et le siècle en cours va accélérer le processus. Le scénario business as usual du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (ONU) prolongement des tendances actuelles d'émissions de gaz à effet de serre conduit à une acidification de 0,3 du pH de l'océan d'ici 2050, de 0,5 en 2 100. Un rythme