Député PS des Landes, Henri Emmanuelli a cofondé avec Jean-Luc Mélenchon le courant Nouveau Monde. Il explique pourquoi un non au traité constitutionnel serait synonyme de «sursaut» pour l'Europe.
Le oui de Lionel Jospin va-t-il peser sur le choix des militants ?
En politique, et à gauche en particulier, il n'y a jamais eu d'infaillibilité pontificale. Son texte n'apporte aucun argument nouveau. Plutôt que ce théâtre d'ombres, je préférerais débattre avec lui devant les militants. Mais je réfute l'affirmation selon laquelle l'Europe serait constitutive de l'identité socialiste. Les socialistes sont pour l'Europe. Mais pas pour n'importe quelle Europe. Ce qui compte, ce sont les valeurs que l'on porte. Et ce traité tourne le dos à nos valeurs.
Vous, vous accusez l'Europe de faire le lit du libéralisme ?
Et je redoute que la Constitution enferme le modèle social européen pour très longtemps dans une conception encore plus libérale. On nous rétorque que la charte des droits fondamentaux est intégrée au traité. En vérité, elle est vidée de son contenu par les 85 pages interprétatives qui figurent en annexe. En clair, on écrit une charte pour expliquer ensuite qu'elle n'aura aucune conséquence. Tony Blair l'a très bien compris, puisqu'il se félicite que la Constitution facilite la flexibilité.
Pourquoi le PS est-il le seul des partis socialistes européens à se diviser sur cette question ?
La spécificité des socialistes français, c'est d'abord d'être les seuls à être consultés. Et nous