Nicolas Sarkozy aime appuyer là où ça fait mal. En réclamant dimanche soir l'organisation d'un référendum sur l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, le ministre de l'Economie a placé le chef de l'Etat dans l'embarras. Certes, lors du Grand Jury RTL-le Monde-LCI, il a pris soin de préciser que «l'adhésion de la Turquie, dans le meilleur des cas, ce n'est pas avant quinze ans, si cela se passe bien». Mais il a surtout rappelé à quel point il était, lui, hostile à cette idée, estimant qu'une telle décision «ne pourrait être prise qu'après qu'il y aura eu un référendum en France pour connaître l'opinion des Français». Une éventualité qui ennuie l'Elysée, mais séduit... le quai d'Orsay.
Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, s'est en effet déclaré hier favorable à titre «personnel» à un référendum «le moment venu» sur l'adhésion de la Turquie à l'UE. «On l'a bien fait pour le Royaume uni» (en 1972), a ajouté le chef de la diplomatie.
Nicolas Sarkozy n'a sans doute pas fini d'instrumentaliser la question turque pour marquer sa différence avec Chirac. Le futur président de l'UMP espère ainsi qu'une profonde fracture se crée entre le Président et les Français. Car, contrairement à Chirac, Sarkozy a choisi de coller à l'opinion publique (et à une immense majorité de l'électorat de droite), hostile à l'adhésion d'Ankara. Ainsi, 56 % des Français s'y opposent 36 % sont de l'avis contraire , selon un sondage Ipsos publié aujourd'hui dans Le Figaro (1).
Pour l'heur