Faut-il s'en réjouir ou avoir peur ? La rue de la République va être réhabilitée. Si, si, vous ne rêvez pas. Dites ça à un Marseillais, il vous rira au nez. La rue de la République ? La Belle, aujourd'hui moche, est endormie depuis des décennies, entre Vieux-Port et Joliette. Drôle de bout de ville : percée en 1860, l'artère, alors rue Impériale, devait créer un quartier résidentiel. Elle n'a jamais atteint son but : attirer le bourgeois. C'est aujourd'hui «une sorte de grand ensemble en centre-ville», notent les auteurs d'un livre (1). Bâti bourgeois, peuplement populaire, «artère au statut incertain, entre boulevard résidentiel déchu, rocade de liaison, cours-promenade», estime un sociologue. Marseille popu, mais respectable, en marge des quartiers chauds progressivement disparus. Quartier d'arrière-port, de transit, on y croisait du marin en goguette, du jules du Panier et des employés des activités maritimes. Aujourd'hui, du faste espéré, il reste un kilomètre de façades haussmanniennes sculptées, longue perspective alléchante sur une grande artère déshumanisée, pourrie par la circulation. Derrière les portes d'immeubles, la réalité s'impose : des squats, des entrées jamais entretenues, des ascenseurs en panne, des appartements murés... Les habitants qui résistent, souvent à revenus modestes, payent des loyers modérés, mais des charges parfois énormes pour aucun service en retour. La rue appartient pour moitié à deux investisseurs, Eurazeo (groupe Lazard) et P2C (2), pou
Enquête
Marseille à la sauce texane
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par Michel Henry
publié le 30 septembre 2004 à 2h21
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