Directeur de recherches au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), Guy Groux revient sur les relations entre le syndicalisme français et l'Europe.
Comme les partis, les syndicats français sont divisés sur la question européenne. Certains soutiennent le traité constitutionnel, d'autres sont partagés ou hostiles...
Effectivement, une partie des syndicats, à commencer par la CFDT, soutient le traité constitutionnel. C'est une position déjà ancienne. Avec d'autres syndicats réformistes, elle considère que la Constitution européenne marquera une étape, sans doute insuffisante, mais qui permettra d'améliorer le droit des travailleurs en Europe. Face à ce bloc, il y a la CGT, qui s'inscrit dans une tradition historique de défiance à l'Europe, mais a fini par rejoindre la Confédération européenne des syndicats (CES). Et puis Force ouvrière, qui vient de se prononcer contre le traité constitutionnel alors qu'elle fut à l'origine du syndicalisme européen.
Point commun entre la CGT et FO : les dirigeants semblent en décalage avec la base...
Pour comprendre, il faut remonter de quelques années en arrière. En 1989, avec la chute du mur de Berlin puis la disparition de la FSM (1), la CGT s'est retrouvée dans un isolement international total. Son adhésion à la CES, soutenue par la CFDT, a été une véritable opportunité pour elle. Depuis, la CGT a pris de plus en plus de poids dans la CES. Dans un modèle syndical européen globalement réformiste, elle veut faire entendre une voix