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Libération
Interview

«J'aurais demandé à l'Etat italien qu'un nouveau procès ait lieu»

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publié le 18 octobre 2004 à 2h37

François Bayrou, président de l'UDF, explique à Libération ses réserves sur l'extradition de Battisti.

«Je suis indéfectiblement pour la lutte rigoureuse contre le terrorisme, et je n'ai aucune indulgence pour le mécanisme obsessionnel qui conduit à la lutte armée. Je suis favorable à l'espace judiciaire européen et à un parquet européen. Je me suis toujours interrogé sur la "doctrine Mitterrand", ne sachant pas si elle s'appliquait ou pas aux auteurs de crimes de sang.

«Je n'aurais donc eu aucune interrogation de fond dans cette affaire sans le statut de la contumace italienne. En effet, en Italie, le jugement devient définitif sans que le procès ait eu lieu en présence du condamné. Et ceci, la France se l'est interdit depuis cent cinquante ans. Si, j'avais été au gouvernement, j'aurais eu une discussion avec l'Etat italien et je lui aurais demandé que l'extradition s'accompagne d'un nouveau procès en présence de l'intéressé. C'est un élément fort d'interrogation, et je partage cet avis avec de nombreux juristes.

«Sur la question du temps qui s'est écoulé, vingt-cinq ans depuis les faits et de longues années de présence en France, qui peut dire qu'il n'y a pas là un autre élément, humain, cette fois ? C'est très délicat, car il y a aussi, en Italie, des gens qui ont été victimes et qui sont obsédés par l'idée que certains responsables de ces actes ne sont pas poursuivis et punis.

«Alors, je pense que s'il y avait eu, dès cette époque, au début des années 1980, un espace judicia