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Libération

La recette de Sarkozy a un arrière-goût balladurien

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publié le 21 octobre 2004 à 2h40

Le rapport Camdessus collera-t-il un jour aux doigts de Nicolas Sarkozy comme le sparadrap du capitaine Haddock ? Mardi, en se faisant remettre en grande pompe un rapport sur l'avenir de l'économie française et en annonçant urbi et orbi qu'il en ferait son «livre de chevet», le ministre de l'Economie et des Finances a peut-être commis le premier vrai-faux pas de son parcours récent. Désormais, sa perception par les Français sera autant déterminée par son bilan ministériel que par ce catalogue de propositions d'inspiration clairement libérale. Une posture qui pourrait se retourner contre lui. Exactement comme Edouard Balladur qui, à l'approche de l'élection présidentielle de 1995, avait fini par renier le rapport Minc.

Précédent. Le rappel n'est pas fortuit, tant les deux documents se ressemblent. En 1994, en butte aux attaques de Jacques Chirac, le Premier ministre Balladur a besoin de constituer un espace politique qui lui est propre. Il met au travail son ami Alain Minc, qui réunit un aréopage de PDG et hauts fonctionnaires, au sein duquel deux ou trois personnalités venues du monde social servent d'alibi. Au finale, le document pose un constat : la progression de petits salaires serait la principale cause du chômage. Et livre un flot de suggestions, dont l'opinion ne retiendra qu'une seule : l'appel à ne plus augmenter le Smic. Six mois plus tard, Jacques Chirac, au fond du trou, amorcera sa remontée dans les sondages, assurant que «la feuille de paye n'est pas l'ennemie d