Papeete, envoyé spécial.
Noa Tetuanui est aussi étonnant que détonnant : «Entre la dictature et la dictature extrémiste, j'ai choisi la moins mauvaise.» Ce quadragénaire, père de deux enfants, est le représentant élu à l'Assemblée de Polynésie par qui la censure est arrivée. Le 9 octobre, il a quitté les bancs des alliés du parti indépendantiste Tavini pour ceux du Tahoeera, le parti de Gaston Flosse. Il a préféré Flosse et la «dictature» à Temaru et sa «dictature intégriste». D'une voix, le premier a renversé le second. Depuis, la Polynésie vit dans une grande instabilité institutionnelle. La faute à Noa, donc.
Crucifix. Ce n'est pas la première fois que cet ingénieur agronome a choisi d'aller planter ses choux dans le camp d'à côté. D'abord syndicaliste et indépendantiste, il a exercé les fonctions de ministre de l'agriculture de Flosse avant de rejoindre les indépendantistes puis de les trahir. La faute à ce fichu crucifix, explique-t-il. Depuis son élection le 23 mai dernier, il raconte qu'il n'a cessé d'alerter le président de la Polynésie, Oscar Temaru, et celui de l'Assemblée territoriale, Antony Geros, des «dérives sectaires» de son parti. Lui est laïc, protestant mais laïc. Alors, lorsque Geros a voulu accrocher un crucifix sur un mur de l'hémicycle, il a protesté. D'abord doucement. Puis plus fort, au point d'en faire une obsession et de claquer la porte du Tavini. «Laïcs, les socialistes devraient dénoncer comme moi le comportement d'Oscar plutôt que de le soutenir