Papeete, envoyé spécial.
Nourritures terrestres contre nourritures spirituelles. Presque côte à côte, deux «temples». Et deux façons de penser l'avenir de la Polynésie. En haut de l'avenue du Général-de-Gaulle, à Papeete, le long du front de mer, un supermarché. A 200 mètres, sur le même trottoir, un autre temple, un vrai: protestant. Au Champion, une majorité de popa'a (métropolitains) vient faire des provisions pour la semaine. On ne sait jamais : si les partisans d'Oscar Temaru, président indépendantiste déchu, bloquent l'île et déclenchent une grève générale...
«Malhonnêteté». Pour l'instant, les militants de la coalition plurielle sont à l'office, en attendant les appels à la mobilisation. Les «mamas» ont sorti leurs plus beaux atours : robe à fleurs et chapeau assorti. Leurs maris les ont accompagnées à bord de leurs trucks rutilants : des 4 x 4 à plate-forme, où les enfants prennent le soleil. Maiterai, un magasinier de 38 ans, sort du temple. Sans détour, il regrette le retour aux affaires de Gaston Flosse : «C'est une déception. En tant que chrétien, je ne peux accepter la malhonnêteté. Si une majorité de Polynésiens l'avait élu, nous ne contesterions pas son élection.» «Prêt à tout» pour éviter le retour de «Gaston», il demande «à l'Etat français de respecter les Polynésiens. S'il ne nous respecte pas, le peuple ne le respectera pas non plus».
C'est en prévision de ce possible affrontement que William, un Franco-Australien de 46 ans, se rend chez Champion. Il est «dan