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Libération
Interview

«La thèse de la crise salutaire, c'est une mystification!»

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Pierre Mauroy, ex-Premier ministre socialiste, partisan du oui au traité européen :
publié le 2 novembre 2004 à 2h50

Partisan de l'approbation de la Constitution européenne, l'ancien Premier ministre Pierre Mauroy, 76 ans, met en garde les militants socialistes contre les conséquences de leur choix lors du référendum interne du 1er décembre. Il déplore les querelles d'«ambitions» attisées par la position de Laurent Fabius et juge que la victoire du non mettrait «en péril» la victoire de la gauche en 2007.

Pourquoi l'identité du PS est-elle en jeu avec le débat sur le traité européen ?

Parce que l'Europe est à la fois notre histoire et notre avenir. Les socialistes entretiennent une ferveur européenne depuis la Libération. Ils ont soutenu tous les traités, de Rome à Nice, et tous les élargissements. Ils ont même réclamé la création d'un parti des socialistes européens pour accompagner la marche en avant vers l'Europe sociale. C'est pourquoi beaucoup de nos amis étrangers sont déconcertés et très mécontents que nous puissions envisager de dire non. Rejeter ce traité, ce serait renier notre histoire et nos engagements.

Et notamment l'ancrage européen que vous avez assumé à la tête du gouvernement en 1983 ?

A l'époque, des industriels amis de François Mitterrand, des politiques et certains de mes ministres, comme Pierre Bérégovoy ou Laurent Fabius ­ qui se sont d'ailleurs ravisés ­, échafaudaient des plans pour une autre politique. Celle-ci nécessitait de quitter le Système monétaire européen (SME). J'ai alors dit non. J'ai ajouté devant le Président : «Si vous décidez cela, vous allez vous interdire cette grande politique européenne à laquelle vous tenez.» Déjà, certains de ceux qui prônaient la sortie du SME avançaient la thèse de la «crise salutaire».

Vous, vous n'y croyez pas ?

Absolume