«J'ai créé une marionnette. Je la sors dans les médias. Parfois, elle me fait rire, mais je n'en tire pas de plaisir particulier.» Cette marionnette, le monde entier la connaît. Elle s'exprime avec un fort accent allemand, porte un catogan, des encolures montantes, et dissimule son regard derrière de grosses lunettes noires. Elle suivit même un régime sévère quand son propriétaire décida de perdre 42 kg en 2000 pour «rentrer dans les costumes Dior d'Hedi Slimane».
Depuis des années, Karl Lagerfeld est connu comme le couturier de la maison Chanel. Mais sa réputation va au-delà du monde de la mode. Il y a plusieurs mois, les gens de H&M ont commandité un sondage international : quel est le couturier le plus connu au monde ? Lagerfeld étant sorti du chapeau le premier, il fut approché par la marque suédoise. L'affaire, explique le couturier tout content, n'a pas pris plus «de trois mois», des premiers pourparlers aux produits finis. Un nouveau défi, quoiqu'un peu trop facile, pour cet homme à la fois excentrique et ascète («Ni alcool, ni cigarette, ni drogue») aux cheveux poudrés et bagues tintinnabulantes, qui aime par-dessus tout que «ça aille vite». Il expliquait d'ailleurs, la veille du lancement, que cette histoire d'H&M «ne le concern[ait] plus», qu'il était «déjà passé à autre chose».
Passionné de photographie, Karl Lagerfeld shoote les people dans son hôtel particulier parisien pour Paris Match ou Vanity Fair,