Oublier Jospin, taper Chirac. Hier soir, dans une ambiance de meeting présidentiel, devant un petit millier de partisans du non réunis à la Mutualité sous l'égide de l'association Ambition Europe, Laurent Fabius a superbement ignoré l'ex-Premier ministre pour concentrer ses attaques sur le chef de l'Etat. Comme pour mieux signifier que le premier appartient au passé et que le second est le présent, et peut-être l'avenir.
Dimanche à Marseille, le président de la République avait assuré qu'il s'apprêtait à mener une campagne «sans réserve» pour «un projet (de traité) naturellement nécessaire», «un projet démocratique» et «social». Fabius a mis en garde ses camarades socialistes, affirmant «ne pas être sûr que la meilleure des façons de préparer le projet socialiste soit de commencer à voter avec la droite».
Face à la dramatisation menée par le camp du oui, Fabius a cherché à banaliser son non. «L'argument de la crise ne me paraît pas pertinent, a-t-il ajouté. En cas de victoire du non, le projet actuel tombe. Un autre, meilleur, doit être élaboré.» Celui-ci doit reposer sur «trois éléments non maximalistes» : le nouveau traité devra être révisable, s'appuyer sur les coopérations renforcées et écarter l'actuel Titre III qui définit le contenu des politiques.
Un argumentaire destiné indirectement à Lionel Jospin. Celui-ci, mardi soir, lors d'une assemblée générale du oui dans le XVIIIe arrondissement, à Paris, avait affirmé que «l'idée de sauver l'Europe par la crise est fallacieus