Ils prétendent avoir tourné la page. Mais ils n'arrêtent pas de s'y référer. Ils veulent oublier. Mais le remettent sans arrêt sur le tapis. Au printemps, grâce à leur succès aux régionales et aux européennes, les socialistes se réjouissaient enfin : c'en était fini du 21 avril, funeste dimanche de 2002 qui vit Lionel Jospin se faire éliminer dès le premier tour de la présidentielle. Six mois plus tard, le 21 avril revient par la fenêtre du débat sur le traité constitutionnel européen. Comme lors de la campagne interne qui avait précédé le congrès de Dijon de mai 2003. A l'époque, Arnaud Montebourg, leader du Nouveau Parti socialiste, avait revendiqué la nécessité «d'un 21 avril interne» au PS. L'argument s'était retourné contre son auteur en renforçant le réflexe légitimiste des militants encore assommés par l'échec de Jospin.
Autres temps, autre contexte : l'épouvantail du 21 avril est utilisé aujourd'hui par les partisans du oui. Jack Lang en est depuis huit jours un promoteur fervent : «Il n'y aura qu'un tour», tonne-t-il en demandant aux militants socialistes de ne pas se réveiller au lendemain de la consultation interne du 1er décembre avec «la gueule de bois». L'ancien ministre de l'Education ne cache pas qu'il cherche avec cette «analogie à inciter les militants à mesurer la gravité de leur vote». Il dramatise, en suggérant à la base du PS de «ne pas se laisser emporter par sa mauvaise humeur». Il ne faut pas «se tromper de colère», dit aussi Jean-Christophe Cambadéli