Adopté le 5 novembre en première lecture par le Sénat, le projet de loi de cohésion sociale est examiné depuis mardi par l'Assemblée nationale. Le débat s'annonçait sans surprise. Sur la question des licenciements économiques, les députés UMP, pas plus que les sénateurs, n'ont voulu imposer au ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, des amendements favorables au Medef. En Commission des affaires sociales, le lobby ultralibéral de la majorité est resté discret. La surprise est venue d'où on ne l'attendait pas : un amendement adopté hier après-midi par cette commission. Il propose de généraliser le curriculum vitae anonyme, afin d'éviter toute discrimination à l'embauche.
Hésitation. L'initiative en revient à la rapporteure UMP Françoise de Panafieu, qui va nettement plus loin que ce que propose un rapport remis lundi au Premier ministre (Libération d'hier). Cet amendement, s'il était adopté, imposerait aux entreprises de plus de 250 salariés de ne recourir qu'à des CV ne comportant «ni le nom, ni le sexe, ni l'âge, ni la nationalité» du demandeur d'emploi. En outre, les informations ne seraient plus manuscrites et ne seraient «pas accompagnées d'une photographie du candidat». Cette même obligation serait systématiquement imposée aux organismes de placement.
L'auteur du rapport, Claude Bébéar, président du conseil de surveillance du groupe Axa, suggérait bien une disposition de cet ordre. Mais il estimait que les entreprises devaient être volontaires et que légiférer ne servira