Renaud Dutreil, ministre de la Fonction publique, donne son sentiment sur le débat européen au sein du PS et juge qu'en 2007 Laurent Fabius sera «le plus facile à battre» pour la droite.
Que pensez-vous du débat des socialistes sur la Constitution européenne ?
Il s'agit d'un rendez-vous historique pour le PS, qui n'est pas parvenu jusqu'à présent à soigner sa schizophrénie : socialiste à l'intérieur et social-démocrate libéral à l'extérieur, en l'occurrence en Europe. Depuis 1983, le PS a toujours fait le grand écart. Il n'a jamais choisi entre ces deux options. Tantôt le non-choix lui a réussi, comme sous Mitterrand, tantôt ça lui a coûté très cher, avec Lionel Jospin en 2002. Laurent Fabius a eu le mérite de sonner l'heure de vérité. C'est paradoxal que cela vienne de lui, puisqu'il est plutôt social-démocrate. Si les socialistes votent non, ils choisissent "le socialisme dans un seul pays", ils s'éloignent du pouvoir de façon durable, mais retrouvent une cohérence idéologique qui fait que la gauche française est plus utopique que pragmatique. S'ils choisissent le oui, qui apparaîtra comme un renoncement, ils devront faire un deuxième aggiornamento et tirer les conclusions de leur oui en s'alignant sur Tony Blair et Gerhard Schröder.
Qui vous paraît le mieux placé à gauche pour 2007 ?
François Hollande semble aujourd'hui en mesure d'incarner la mutation sociale-démocrate, alors que cela aurait dû être Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn. Fabius joue à quitte ou double. C'