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Portrait

Gaymard ou l'ascension sans effort d'un bébé Chirac

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publié le 7 décembre 2004 à 3h21

Savoie envoyé spécial

Par deux fois, déjà, l'Elysée s'est déplacé à Moûtiers. C'est beaucoup d'honneur pour cette ville de 5 000 habitants perdue au fond de la vallée de la Tarentaise (Savoie). La première fois, en 2000, Jacques Chirac honore de sa présence une réunion du «comité de bassin d'emploi d'Albertville». Puis s'en va tâter le cul des vaches laitières qui pullulent dans la région. Deux ans plus tard, entre les deux tours de la présidentielle, c'est Bernadette Chirac qui vient inaugurer un modeste foyer de handicapés. Le maire (UMP) de Moûtiers, Philippe Nivelle, exhibe fièrement les clichés du couple présidentiel. Mais il reconnaît lui-même que ces deux visites ne doivent rien au hasard.

Car Moûtiers a pour seule particularité d'être le chef-lieu du canton d'Hervé Gaymard. Né dans les montagnes savoyardes, le nouveau ministre de l'Economie, qui se plaît à jouer l'anti-Sarkozy, a toujours su mettre en valeur ce qu'un de ses proches appelle «sa proximité bien avérée avec le président de la République». En Savoie, le rôle que le chef de l'Etat a joué dans la carrière de Gaymard, 44 ans, n'est donc un secret pour personne. Même les journaux savoyards ironisent sur son destin ministériel : «Remaniement : Gaymard touche le Jacques-pote !», clamait la une de l'hebdomadaire local, la Vie nouvelle après sa nomination à Bercy.

«Belle machine». La connexion entre les deux hommes est connue : les Chirac, et notamment madame, étaient très proches du Pr Jérôme Lejeune, médecin catho