Ce devait être une loi phare, marquant le virage social voulu par Jacques Chirac pour faire oublier la débâcle de la majorité aux régionales. Le 1er avril, le Président demandait au gouvernement d'être «plus offensif dans deux domaines : l'emploi et la croissance», ainsi que de «renforcer la justice sociale, passage obligé de toute réflexion». Et, le 30 juin, Jean-Louis Borloo, ministre de l'Emploi, dévoilait son «plan de cohésion sociale». Huit mois plus tard, que reste-t-il de l'injonction élyséenne dans le projet de loi adopté hier en première lecture à l'Assemblée après deux semaines de débat ? Les groupes PS et PCF ont voté contre, mais les députés UMP et UDF ont approuvé ce texte qui prétend aborder de front l'emploi, le logement et l'égalité des chances, notamment en créant un «contrat d'avenir» ou en réformant l'apprentissage.
Effet de levier. Au fil de son examen par les sénateurs d'abord, par les députés ensuite, ce projet de loi s'est transformé peu à peu en objet législatif composite et tentaculaire. Et il a beaucoup perdu de sa lisibilité après que le gouvernement y a intégré un long chapitre sur les licenciements économiques, qui abroge une partie de la loi de modernisation sociale votée en décembre 2001 par la gauche. Bref, il demeure beaucoup de questions sur une loi qui se veut «de programmation» et engage, en principe, 15 milliards d'euros en cinq ans. Borloo prétend même que cette somme sera multipliée par quatre par effet de levier, pour atteindre 60 milli