Marine Le Pen récuse farouchement l'étiquette d'extrême droite. Une précaution qui ne l'empêche pas d'accueillir, ce mois-ci, dans les colonnes d'Aviso, le journal de son association Générations Le Pen, une longue interview d'Alain de Benoist, le pape de la «Nouvelle Droite», fondateur du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (Grece). Cette obédience a formé, au fil des années 70, toute une génération de cadres d'extrême droite, parmi lesquels Jean-Yves Le Gallou, Yvan Blot ou Bruno Mégret.
En offrant une tribune à Alain de Benoist, la benjamine des filles Le Pen, loin de «dédiaboliser» le FN, donne aussi la parole au principal théoricien du courant païen de l'extrême droite. Au risque de hérisser un peu plus les catholiques traditionalistes, fervents soutiens de son adversaire, Bruno Gollnisch. Bref, cette initiative de la fille du président du FN ressemble fort à un appel du pied en direction des franges les plus radicales à un moment où Gollnisch, lui, a soigné son orthodoxie frontiste, notamment en se fendant de déclarations à caractère négationniste sur les chambres à gaz. C'est que, dans la course à la succession de Le Pen, le délégué général bénéficie déjà de l'appui de certaines des franges les plus dures, notamment grâce au maire d'Orange, Jacques Bompard, qui ne manque pas une occasion d'inviter aux réunions de son club, l'Esprit public, les dirigeants du groupuscule Bloc identitaire, ex-Unité radicale.
Regret. Marine Le Pen se justifie