Ile Longue (Finistère), envoyé spécial.
Le chantier est énorme, mais discret. C'est le plus grand de l'ouest de la France, d'une complexité technique comparable au viaduc de Millau, assure la direction des travaux maritimes. Derrière la double rangée de barbelés électrifiés, des ouvriers font exploser le granit breton et coulent des milliers de mètres cubes de béton armé. Dans cinq ans, les nouveaux bâtiments de la pyrotechnie de Guenvenez, sur la presqu'île de Crozon (Finistère), accueilleront les futurs missiles nucléaires M51.
6 000 km de portée. Mardi, Michèle Alliot-Marie s'est rendue à l'île Longue. Dans ce haut lieu des forces stratégiques, la ministre de la Défense a plaidé pour la dissuasion nucléaire, «condition de l'indépendance nationale», mais dont le coût est contesté au sein même des armées. «Lorsqu'on voit un certain nombre d'Etats se doter de l'arme nucléaire, ce n'est pas le moment de baisser la garde», a-t-elle affirmé.
A partir de 2010, les quatre sous-marins nucléaires lance-engins (SNLE) commenceront à recevoir un nouveau missile, le M51, dont la commande a été passée en novembre. Cet engin, capable d'être tiré depuis un sous-marin en plongée, a une portée de plus de 6 000 kilomètres, supérieure d'au moins un tiers à celle de la génération actuelle (M45). Sa précision aurait également été accrue, mais ses caractéristiques précises sont couvertes par le secret défense. Le M51 pourrait frapper des «Etats voyous» qui menaceraient la France, comme l'avait expo