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Libération
Interview

«Pour Thibault, le compromis ou la démission»

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publié le 5 février 2005 à 0h23

René Mouriaux, politologue et historien du syndicalisme français, a, en particulier, étudié tous les congrès de la CGT depuis vingt ans.

La Constitution européenne est-elle la seule cause de la crise de la CGT ?

Non. La crise est la résultante de trois questions : l'Europe, les relations de la CGT avec les partis et les ambiguïtés de la ligne de la centrale. Sur la Constitution, Bernard Thibault est en porte-à-faux : le traité pose de réels problèmes aux syndicalistes CGT et leur dire qu'il est porteur de progrès est un peu réducteur ! Affirmer ensuite que la CGT doit s'abstenir de formuler une consigne de vote, alors que la CES (Confédération européenne des syndicats, ndlr), elle, en donne une, c'est paradoxal. La question du rapport au politique est elle aussi mal posée. A la différence des élections, la Constitution entre bien dans le champ syndical. Et en 2002, face à Le Pen, la CGT s'était positionnée... Si l'on suit Thibault, on accepte donc l'idée que le politique serait supérieur au syndical ! Enfin, la crise provoque le retour du refoulé à la CGT, nourri par le manque de clarté des positions de la direction ou le non-dit de son pragmatisme. Thibault a tenté de rénover son syndicat en évitant les débats de fond. Par exemple, le «syndicalisme rassemblé» inquiète les militants, qui redoutent d'être à la remorque de la CFDT.

La direction de la CGT accuse les partis de gauche de manipuler le débat en son sein...

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une opposition organisée, lian