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Libération
Interview

«Matignon reste le coeur de l'Etat»

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publié le 7 février 2005 à 0h24

Dominique Chagnollaud, directeur du centre d'études constitutionnelles et politiques de l'université Paris-II, souligne que Jean-Pierre Raffarin n'est pas le premier hôte de Matignon à se trouver entièrement sous la coupe de l'Elysée. Mais, selon lui, ce rétrécissement des marges de manoeuvre du Premier ministre n'est pas irréversible.

Jean-Pierre Raffarin n'est plus que l'exécutant dévoué des décisions du chef de l'Etat. N'est-on pas très loin de la Constitution qui dit que le Premier ministre «détermine et conduit la politique de la nation» ?

Cette évolution du rôle du Premier ministre est d'abord une conséquence prévisible du quinquennat, qui aligne la durée du mandat présidentiel sur celle d'une législature et renforce ainsi la stabilité de l'exécutif. Jean-Pierre Raffarin est le premier à se trouver dans cette situation. Et il a dû supporter à ses côtés un Nicolas Sarkozy qui se comportait comme un Premier ministre bis. Une situation particulièrement inconfortable.

Un Premier ministre peut-il n'être qu'une sorte de directeur de cabinet ?

Ce n'est pas une situation entièrement nouvelle : parlant des conséquences de l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel en 1962, René Capitan, juriste et gaulliste, avait déjà estimé que le Premier ministre devenait un «chef d'état-major». C'est aussi une question de personnalité et de conjoncture : Pompidou et Chaban-Delmas étaient plutôt autonomes, Messmer et Maurois beaucoup moins. Quant au Premier ministre Chirac, Giscard allai