A tous ceux qui grattent à la porte et rêvent de lui piquer la place, Jean-Pierre Raffarin a deux réponses :«Faites vos preuves d'abord» et «ne soyez pas trop pressé, le job n'est pas celui que vous croyez». Le Premier ministre le répète à qui veut l'entendre : le quinquennat a changé la donne. La concomitance des élections présidentielle et législatives renforce les pouvoirs du Président, désormais seul maître à bord. Raffarin en est convaincu : s'il dure depuis aussi longtemps, c'est qu'il a joué la carte de la loyauté totale. Il explique ainsi en privé qu'il ne fera «jamais un coup» contre Jacques Chirac. Pas un mot de travers, pas une once d'énervement. Le Premier ministre est fidèle, fidèle il restera. Il appelle cela «être en cohérence avec le Président». «Je ne claquerai pas la porte», confiait-il ainsi à la presse en marge de son voyage à Tunis, le 31 janvier.
Jean-Pierre Raffarin a complètement intégré le «je décide, il exécute» lancé par Chirac à l'adresse de Sarkozy. Il est là, dit-il, pour «servir» et appliquer le programme défini à l'Elysée. Ce mode de fonctionnement nécessite d'après lui une relation quasi osmotique. Il assure qu'il connaît tellement bien son patron qu'il sait exactement sur quel dossier et quand lui téléphoner pour lui demander son avis. Pas de risque de malentendus, donc. Autre caractéristique de ce nouveau lien entre le Président et le Premier ministre : la nécessaire absence d'ambition du second. Aucun chef d'Etat ne pourra désormais accepte