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Libération
Portrait

Georges-Marc Benamou, le contrecoup de Jarnac

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47 ans, journaliste, écrivain. Dernier promeneur de Mitterrand, mémorialiste cru des derniers jours du monarque, il trouve à présent l'époque ennuyeuse.
publié le 9 février 2005 à 0h27

Georges-Marc Benamou marche dans les rues de Paris, mains croisées dans le dos de son pardessus sombre. Et l'on s'attend à voir contre son épaule le fantôme familier, en feutre noir, du dernier monarque de la République. Il a le pas ralenti, les tempes griffées de gris, et des nostalgies d'ancien combattant : «L'époque est ennuyeuse.» Ou c'est lui qui s'ennuie, sans journal ni idole, passé les feux de la rampe.

Depuis quand ? La mort de François Mitterrand. Et depuis son livre, surtout, Le Dernier Mitterrand, tableau volé des derniers jours, publié pour le premier anniversaire. Une petite décennie a passé, qui l'a vu entrer en trombe dans la quarantaine, puis s'assagir, passer de l'actualité à l'histoire. Voici Georges-Marc Benamou incarné au cinéma (1) dans une adaptation affadie du livre, gommant ce qui fit scandale dans le dernier cercle : l'intimité crue avec la mort et la fameuse scène des ortolans, ce dernier réveillon de 1995 raconté comme un rite païen. C'est lui qui a écrit le scénario, l'édulcorant pour en finir avec l'anathème. «Georges-Marc Benamou va toucher les trente deniers de Judas, a pourtant prédit Pierre Bergé, ce qu'il a écrit sur le Président est une trahison totale et absolue.» Dans la préface de la réédition, l'accusé écrit : «Cette histoire s'éloigne de moi pour aller vers les autres, elle s'efface comme les plaies aux genoux des enfants. Il s'en va, le jeune homme.» Le film est un double embaumement, celui du monarque, et celui de la jeunesse de Geor